France

Après les attentats de Paris, les trois erreurs à ne pas commettre

La France a subi les pires attentats de son histoire moderne et elle semble déterminée à réagir afin de faire payer les coupables et de les empêcher d’agir à nouveau. De nobles intentions mais qui risquent de ne jamais être réalisées si la France, et le monde occidental dans son ensemble, ne comprend pas certaines vérités.

On ne peut pas combattre son ennemi si on ne l’a pas identifié. Or une grande partie des autorités, à l’exception de Manuel Valls semble-t-il, affirme que la France est en guerre avec « le terrorisme ». Il ne faut surtout pas faire d’amalgame, les terroristes n’ont rien à voir avec l’Islam, qui est comme chacun sait une « religion de paix », et les musulmans sont les premières victimes de Daesh, Al Qaeda et consorts.

C’est évidemment complètement absurde. L’ennemi c’est l’Islam fondamentaliste. Même pas Daesh, qui sera surement vaincu assez vite, mais n’est qu’une manifestation parmi d’autres de l’hydre islamiste. On peut débattre s’il s’agit d’une lecture erronée ou non des textes musulmans, mais cela reste une version authentique de l’Islam.

Lire la suite

Soumission, de Michel Houellebecq

Avec quelques mois de retard comme d’habitude, j’ai lu le dernier Houellebecq, celui qui a été perçu comme « prophétique ». Comme la plupart des romans de Houellebecq, c’est un livre assez court qui se lit rapidement. Il a moins de scène pornographique que d’ordinaire, et j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi cet auteur, que j’aime bien au demeurant, serait un génie de la littérature.

Ceci dit le livre est intéressant mais souffre d’une contradiction interne, ou plutôt de l’impression que deux thèses contradictoires ont été compressées ensemble dans le même ouvrage.

Lire la suite

Le Suicide français de Zemmour

J’ai fini par lire le fameux livre d’Eric Zemmour. On m’avait promis un pavé illisible, c’était au contraire un livre qui se lit facilement et rapidement. J’ai déjà expliqué ce que je pensais de l’auteur dans un article précédent. Le livre ne révèle pas de surprises quand à la pensée de l’auteur si ce n’est qu’elle est systématisée et appliquée à tous les évènements des 40 dernières années. Systématisée mais pas forcément complètement cohérente.

Lire la suite

Juifs – oui, fuyez la France !

Article paru dans The Times of Israel en français

En 2004, Ariel Sharon alors premier ministre d’Israël, avait provoqué un tollé en France en appelant les Juifs de France à faire leur Aliyah le plus vite possible face à la montée d’un antisémitisme d’inspiration islamiste.

Une décennie plus tard, l’aspect prophétique de ces paroles est frappant et une grande partie des Juifs de France, sans doute la majorité, est aujourd’hui consciente qu’elle n’a pas d’avenir dans ce pays.

Pourtant, les mêmes propos prononcés récemment, de façon d’ailleurs nettement plus modérée, par Binyamin Netanyahu, ont à nouveau suscité une forte condamnation.

Lire la suite

Pourquoi je n’aime pas Eric Zemmour

a58b1ce26cdb16949633d951232d5d1c

Article paru sur The Times of Israel en français

Je suis la carrière d’Eric Zemmour depuis le milieu des années 1990, bien avant qu’il ne devienne célèbre comme chroniqueur chez Ruquier le samedi soir, quand il n’était encore que journaliste politique au Figaro.

J’aimais dès le départ son ton impertinent, iconoclaste, provocateur qui a fait sa célébrité à la télévision.

Sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché », il a dynamité le politiquement correct, et osé dire ouvertement ce que lui et des millions de Français pensaient mais n’avaient pas le droit de dire en public sous peine d’opprobre.

Zemmour, un homme très cultivé, relativement intelligent et au style plutôt brillant à l’écrit, a été haï, critiqué, adulé, honni, insulté, mais il n’a jamais eu peur d’exprimer par la parole ou par l’écrit ce qu’il pensait.

En ce sens, Zemmour a été un formidable libérateur de parole dans une France sclérosée entièrement soumise au politiquement correct et à la pensée unique, où sortir de la norme admise vous vouait aux pires gémonies.

Et pourtant, je n’aime pas Zemmour. D’abord parce que c’est un idéologue enfermé dans ses propres contradictions et incapable de saisir la complexité du monde.

Comme Zemmour je pense que les idéologies sont importantes, elles offrent une vision simplifiée du monde et lui donnent sens. Mais contrairement à lui, j’en comprends les limites.

Zemmour perçoit l’entièreté de la réalité à travers son prisme idéologique, il analyse tout selon une grille prédéterminée et manichéiste, croyant que chacun de nos gestes est l’expression d’un discours politique et sociétal, comme d’autres voient des phallus partout. C’est une vision totalitaire de la société. Et cela le conduit à se ridiculiser et s’embrouiller dans des explications ridicules.

Ainsi quand il veut décider de résultats sportifs selon la politique migratoire et identitaire d’un pays comme ça lui est arrivé durant la dernière coupe du monde : non seulement il se risque à avancer des arguments que les nazis n’auraient pas renié – bien qu’il ne soit ni raciste ni nazi, mais il est souvent à la limite -, mais lorsque ses théories s’effondrent devant la réalité, il refuse de l’accepter parce que concéder une erreur marginale, pour lui, revient à admettre sa défaite sur l’ensemble de sa vision.

Tout est idéologique, tout est lié, tout est combat et cela le conduit parfois à adopter les thèses les plus folles et les plus extrêmes, parfois juste pour dire le contraire de la « doxa médiatique ». Ce n’est pas juste une posture et un jeu, il finit par croire les imbécilités qu’il raconte.

Au-delà de cette approche qu’on peut qualifier de fanatique, j’ai aussi un problème avec les positions de Zemmour sur de nombreux sujets. Certes, comme beaucoup de gens, je peux être d’accord sur le fond avec beaucoup de choses qu’il avance si on en retire les excès du polémiste.

Mais les désaccords restent profonds: Zemmour est un anti-libéral hystérique, qui ne comprend strictement rien à l’économie et ne veut rien y comprendre puisque pour lui tout est soumis à l’idéologie, et donc l’économie aussi.

Je ne parlerai pas de ses positions grand-guignolesques sur les femmes, elles se suffisent à elles-mêmes. Son obsession de la puissance française m’est incompréhensible mais elle est légitime.

Zemmour aurait voulu naitre à une autre époque, et il aurait surtout voulu naitre sous une autre peau, être un bon français catholique et blond, et pas un Juif séfarade.

Son lien à son identité juive, avec lesquels ses liens sont plus qu’ambigus, son hostilité affichée au sionisme et à Israël, achèvent de rendre le personnage peu ragoutant.

Il serait temps que tous ceux qui l’adorent dans la communauté juive parce qu’il « critique les Arabes » sachent avec qui ils font alliance. Je ne suis pas certain qu’ils seraient très heureux d’apprendre ce que Zemmour pense vraiment d’eux.

La différence entre un Juif de France et un Juif d’Israel

manifisraelparis

Article publié sur The Times of Israel français

Il y a quelques jours 400 Olim de France sont arrivés en Israel. Des centaines d’autres vont les rejoindre dans les prochaines semaines. Au bout de trois mois, ils deviendront officiellement des citoyens israéliens. Plus qu’une nouvelle citoyenneté, c’est une nouvelle façon, pleine et entière, de vivre son identité juive qu’ils vont acquérir.

Je suis né en France, j’y ai grandi, et j’ai fait mon aliyah à l’age de 22 ans. Après 17 ans en Israel j’ai été envoyé en France pour une mission dans le cadre d’une institution nationale. Envoyé plutôt que renvoyé parce qu’après tout ce temps, je n’avais pas l’impression de revenir chez moi mais bien d’aller vivre dans un pays (un peu) étranger.

Ce n’est pas que je n’ai pas visité la France depuis mon aliyah, mais uniquement en vacances, pour des séjours de plus en plus courts et de moins en moins fréquents. Cela faisait en fait quelques années que je n’étais pas venu quand on m’a demandé de m’y expatrier.

Le pays a changé mais ce n’est pas de cela dont je veux parler maintenant. Ce qui m’a le plus frappé c’est ce qui distinguait ma vie de Juif en Israel par rapport à la France. Je me retrouvais membre d’une minorité qui, notamment à cause de la situation, cherche à être discrète et à ne pas afficher son identité en publique. Les fêtes nationales et religieuses ne sont pas les miennes, les gens dans la rue sont des étrangers, je ne partage rien avec mes voisins. Je ne suis pas chez moi.

Je ne veux pas avoir à faire de compromis sur mon identité, à me cacher ou au contraire être observé comme un monstre de foire parce que je suis différent. Je n’ai pas envie de devoir supporter la culture et les règles d’un autre peuple et d’une autre culture, aussi respectables soient-ils. La culture française est un des joyaux du patrimoine mondial, mais ce n’est pas ma culture.

Le contraste est saisissant par rapport à ma vie en Israel. Ma culture est la culture du pays, mes fêtes ses fètes. On vit en hébreu, les enfants apprennent le Tanakh et l’histoire juive à l’école sans que j’ai besoin de les envoyer dans une école privée et protégée par la police. Le pays vit au rythme du calendrier hébraïque, se repose le Shabbat, tout le monde va célébrer le Seder de Pessah au premier soir de la fête, la plupart des restaurants respectent les lois alimentaires.

Quel moment incroyable que de se retrouver dans les rues le jour de Yom Hakippourim lorsqu’aucune voiture ne circule et que tout le peuple, qu’il jeune ou pas, se retrouve dans la rue. Quel plaisir d’entendre ses voisins chanter le Kiddoush le vendredi soir, de voir des gens de promener en kippa dans la rue, de savoir que l’armée, les policiers, les fonctionnaires, les agriculteurs, les vendeurs, les ouvriers partagent votre identité. Je suis chez moi.

Etre chez soi signifie aussi avoir une relation plus calme et complète avec son identité. Je ne me demande pas comment conjuguer ma vie de citoyen dans la sphère publique avec ma vie de juif à la maison. En Israel, je peux être entièrement juif chez moi et dans la rue. Je n’ai pas besoin d’implorer les pouvoirs publiques pour qu’ils protègent les synagogues en priant pour que certaines forces politiques n’arrivent jamais au pouvoir. Je ne me demande pas si les enfants auront un avenir dans ce pays ou devront s’enfuir.

Le choix de vivre en Israel met fin à l’alternative devant lequel se trouve placé le Juif de diaspora qui hésite perpétuellement entre l’assimilation et le ghetto. La souveraineté juive sur la terre d’Israel permet de vivre pleinement sa vie de Juif dans la cité sans la moindre compromission avec son identité. Même le dernier des athées et le Juif le plus anti-religieux vit sa vie en hébreu, peut lire la Torah dans le texte naturellement, organise sa vie selon le calendrier hébraïque, et défend la terre d’Israel.

Pendant ce temps la, les Juifs de diaspora essaient de survivre en tant que Juifs et de ne pas disparaitre. Ils peuvent contribuer de façon remarquable à la culture, la science ou l’économie de leur pays, mais leur contribution n’est pas spécifiquement juive, n’apporte presque rien à leur peuple et ne représente pas l’expression d’une vision juive du monde.

Les Juifs d’Israel ne survivent pas, ils vivent leur Judaisme de façon entière. Ce n’est qu’en Israel, parce qu’ils sont libres et indépendants, que les Juifs peuvent remplir leur mission universelle et être une lumière pour les Nations. Ce n’est qu’en Israel que peut naitre une parole spécifiquement juive qui s’adresse d’égale à égale aux autres nations.

Evidemment, personne ne peut nier les problèmes, les tensions, les crises, et les conflits que connait le pays. Mais ils sont la conséquence de l’immense vitalité créative et de l’incroyable foisonnement chaotique qui caractérisent la vie juive d’Israel. Et ces problèmes et ces conflits, aussi désespérant peuvent-ils apparaitre parfois, sont les nôtres. C’est à nous de les résoudre ou au moins d’essayer.

Ignorons Le Pen et laissons le dire ce qu’il veut

4132213

 

Article paru dans The Times of Israel français

 

« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Albert Einstein.

De « Durafour crématoire » à sa nouvelle « fournée », Jean-Marie Le Pen a toujours su trouver les bons mots pour nous rappeler la véritable nature de son idéologie nauséabonde.

Voilà 30 ans que la communauté juive de France pense que la meilleure façon de lutter contre le FN, son racisme, et son antisémitisme est de faire condamner le moindre propos ambigu émanant de ses dirigeants.

Après des dizaines de condamnations judiciaires, de condamnations morales, de hautes postures bienpensantes de la part des intellectuels, juifs ou non, et de l’ensemble de la classe politique française, le résultat est un FN à 25% et premier parti de France.

Dans le même temps, l’antisémitisme a explosé, pas juste en propos mais surtout en actes, pas juste à l’extrême-droite mais aussi à gauche. Dieudonné, lui aussi condamné des dizaines de fois, prospère et est devenu le héros de toute une partie de la population française. Des choses inimaginables il y a encore 15 ou 20 ans sont devenus banales aujourd’hui.

Il arrive un moment où il faut savoir se remettre en question. Quand une stratégie donne des résultats aussi clairement contraires aux objectifs initiaux, il est probable qu’il faille en changer et que s’obstiner dans la même vois relève plus de la pathologie que de l’admirable persistence.

Et si, la meilleure tactique face à des propos tels que ceux de Le Pen sur Patrick Bruel était… de ne rien faire ? De ne pas en parler. D’ignorer les éructions séniles d’un vieillard qui n’a plus vraiment d’importance. Si on n’avait pas relevé ces propos abjects, qui aurait fait attention ? Les quelques personnes qui suivent son videoblog et sont déjà convaincues ?

Il y a des moments où, comme on dit en Israel, il vaut mieux être intelligent qu’avoir raison.

Ce n’est peut-être pas un hasard si dans un pays comme les USA, où la liberté d’expression est presque totale, où un véritable parti nazi existe de façon officielle, légale, ouverte, il n’y a pas de Front National à 25%, ni de Dieudonné, ni de synagogues et d’écoles juives qui ressemblent à des forteresses. Ce n’est pas la seule raison mais surement une raison importante.

Sanctionner les gens pour leurs propos, même extrêmes, ne sert qu’à faire d’eux des martyrs et à donner l’impression qu’on a quelque chose à cacher. Les jeunes, qui adorent les théories de conspiration, sont les premiers à vouloir défendre, juste par esprit de contradiction, les gens condamnés pour des propos odieux.

N’oublions jamais que la liberté d’expression ce n’est pas la liberté d’entendre des opinions qui nous plaisent mais au contraire la liberté d’exprimer des idées énervantes ou choquantes.

Et puis après tout ne vaut-il pas mieux savoir vraiment ce que pensent les gens plutôt que de vivre dans une société d’hypocrisie où les gens vous détestent mais n’osent pas le dire ?

Donc laissons les Le Pen et autres cinglés extrémistes dire ce qu’ils veulent. Ignorons-les. Ne leur donnons pas une importance qu’ils sont les premiers à espérer. Alors autant tenter autre chose qu’une méthode qui dans le meilleur des cas n’a donné aucun résultat et a probablement empiré les choses. Nous n’avons rien à perdre, et dans tous les cas ça ne pourra pas être pire que maintenant.